Nous n’en sommes plus à l’étape de la prise de conscience. Alertés par les associations et par la société civile, de plus en plus sensible à cette problématique, les acteurs du monde du sport ont réalisé l’ampleur de l’enjeu climatique. Organisateurs d’événements sportifs, marques spécialisées dans le sportswear, institutions et clubs : tous ont un rôle à jouer dans la préservation de l’environnement. Un rôle important même… Car, de par les valeurs qui lui sont associées et son exposition, le sport a un pouvoir d’influence exceptionnel.
De plus en plus d’initiatives sportives écologiques voient le jour dans le secteur pour éviter, limiter ou (au moins) compenser son impact. Nous vous proposons une sélection de 18 actions éco-responsables qui nous ont marqués ou nous ont plu.
En décembre 2021, Mizuno s’est associé à la communauté française de runners Running Heroes, le temps de l’opération “les Pères Noël en Baskets”.
Un challenge sous le signe de Noël pour encourager les runners à déposer les baskets usagées qui traînent sous leur lit, dans leur placard. Plus de 120 magasins partenaires ont collecté les chaussures de course pour les transmettre à l’association Run Collect, chargée de les recycler ou de les redistribuer.
Cette initiative éco-responsable s’inscrit dans la démarche de développement durable “Crew 21” de Mizuno qui vise la neutralité carbone pour 2050.
Plus de 11000 runners ont répondu présents en faisant don de leurs chaussures usagées.
Depuis 2015, adidas collabore avec l’ONG environnementale Parley for the Oceans pour nettoyer les océans et collecter les débris marins destinés au recyclage. En 2020, grâce à ce partenariat, adidas a fabriqué 15 millions de paires de chaussures à partir des déchets plastiques collectés dans l’océan et transformés par l’ONG. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de la marque d’atteindre 100% de produits en polyester recyclé d’ici 2024.
De quoi séduire les athlètes les plus engagés.
La surfeuse française Justine Dupont est sponsorisée depuis 2020 par adidas qui l’équipe exclusivement de produits à base de plastiques recyclés. Une initiative qui a du sens : consciente de l’impact de sa pratique, la vice-championne du monde de surf de grosses vagues est engagée dans une démarche écologique et vise la neutralité carbone.
adidas s’est aussi associé à l’enseigne de grande distribution de sport Decathlon. Début 2022, les deux marques ont lancé l’initiative écologique “Collectives” et récolté plus de 25 000 paires de chaussures en un mois. La prochaine étape : les semelles de ces chaussures seront utilisées pour construire un terrain multisports. Ce matériau 100% recyclé servira alors de revêtement de sol.
Ce projet éco-responsable est aussi un projet inclusif.
Seulement 15% des utilisateurs d’infrastructures sportives dans l’espace public sont des femmes. Un chiffre qu’on peut expliquer par les types d’infrastructures construits : les sports collectifs (football, basketball) majoritairement pratiqué par des hommes étant favorisés. En construisant un terrain multisports tourné vers les activités principalement pratiquées par les femmes, Decathlon et adidas souhaitent encourager la pratique du sport féminin.
Les marques de sport innovent aussi par leurs produits.
Baskets vegan ou composées de plastique recyclé sont déjà sur les étagères de nombreuses marques spécialisées. Le Coq Sportif a misé sur le cuir végétal issu de résidus de raisins. Kipsta a travaillé avec l’expert des solutions en plastique durable, Demgy Atlantique pour produire une paire de crampons recyclable.
Puma se joint au mouvement avec son pack First Mile et ses deux paires de crampons composées de 21% et 42% de matériaux recyclés. Ces nouvelles paires sont produites grâce à la collaboration avec le réseau First Mile qui recycle des plastiques usagés à Taiwan et au Honduras. Il s’agit d’une étape de plus vers l’objectif de la marque de rendre 9 de ses produits sur 10 plus durables d’ici 2025.
De prime abord, la Formule 1 ne paraît pas être une discipline très respectueuse de la planète (elle ne l’est pas). Rattrapée par les enjeux climatiques, la FIA affiche un objectif ambitieux : zéro émission carbone en 2030 pour le championnat de Formule 1.
L’organisation, les écuries et les circuits eux-mêmes sont mis à contribution. Le circuit français Paul Ricard, par exemple, a obtenu le plus haut niveau de la certification environnementale FIA grâce à sa stratégie RSE. Le circuit a ainsi diminué sa consommation d’eau grâce à la récupération d’eau de pluie, et réduit sa consommation d’électricité grâce à l’installation de panneaux solaires. Paul Ricard recyclent 100% des déchets générés par les courses et le public et a planté des arbres et des haies qui réduisent le bruit des moteurs pour protéger la faune. Un système de biosurveillance a également été mis en place pour mesurer la qualité de l’air.
Mais pour atteindre son objectif de développement durable, la FIA doit s’attaquer à la problématique des transports. Et l’institution expérimente déjà des solutions plus écologiques dans son laboratoire grandeur nature : le championnat de Formula E.
La Formula E est le championnat de monoplaces électriques qui a vu le jour en 2014. Elle met en avant les mobilités électriques, le développement durable et se veut un laboratoire pour tester et développer des solutions durables. Des innovations technologiques et écologiques ont ainsi vu le jour. Les véhicules fonctionnent tous avec du biofuel, un carburant d’huile végétale issue de l’usage domestique. Leur batterie et leurs pneus sont recyclés après chaque course.
Les écuries sont aussi mises à contribution : toutes les équipes de Formula E sont encouragées à s’engager dans une démarche plus écologique et à obtenir une certification environnementale. La problématique des transports est évidemment proéminente : la majorité (75%) des émissions de CO2 de la discipline en provient. La Formula E et DHL collaborent ensemble pour trouver des solutions plus écologiques au transport logistique : optimisation du calendrier, approche multimodale qui privilégie le rail et la route, circuits en ville pour limiter les déplacements du public…
Des efforts qui portent leurs fruits (la Formula E est certifiée ISO 20121) et qui ont encouragé la FIA a poursuivre cette stratégie. L’institution a ainsi lancé un second championnat de course automobile éco responsable en 2018, l’Extreme E, qui évite les déplacements aériens pour privilégier le fret maritime. C’est ainsi qu’est né le St Helena, un navire réaménagé en base flottante écologique.
Depuis 2010, le tournoi WTA 250 de tennis féminin de Strasbourg a réduit ses émissions carbone de 30% avec, en ligne de mire, la neutralité carbone. Pas moins de 79 actions éco-responsables ont été menées pour arriver à ce résultat.
Parmi celles-ci, un partenariat avec BMW qui met à disposition des équipes un parc de voitures électriques ou hybrides et un partenariat avec la SNCF pour promouvoir l’écomobilité auprès des supporters. Les organisateurs ont également mis en place une sélection rigoureuse des restaurateurs pour que 70% des produits proposés soient bio, locaux et de saison.
Enfin, depuis 2010, le tournoi a lancé l’opération Balles Neuves pour recycler des balles de tennis en tapis de sol, aires de jeux ou amortissants dans les parcs. Et pour motiver le public : chaque visiteur ramenant au moins 12 balles usagées se voit offrir 4 balles officielles utilisées par les joueuses du tournoi. 24 000 ont déjà été récoltées grâce à cette action !
L’impact énergétique de l’industrie du esport est parmi les plus négatifs. La consommation mondiale des joueurs sur PC et console est proche des 75 TWh par an, soit l’activité de 10 réacteurs nucléaires.
ESL Gaming, leader de l’industrie, s’efforce à changer durablement les comportements. Depuis 2018, l’organisation trace et calcule ses émissions de CO2 et a récemment obtenu une certification de l’ONU attestant de sa neutralité carbone. Elle collabore avec l’ONG environnementale Planted qui l’accompagne dans cette démarche, l’aide à compenser ses émissions grâce à la reforestation et au financement de projets innovants autour de l’énergie verte.
Ainsi, l’ESL Flowe Championship en Italie a été le premier tournoi d’esport neutre en carbone. Une stratégie basée sur la compensation des émissions de CO2 : pour y arriver, 80 arbres ont été plantés par les organisateurs.
En 2021, WWF France s’est associé à Sport Heroes pour sensibiliser les communautés de runners, cyclistes et nageurs français sur les enjeux environnementaux. Des campagnes ont été créées pour mener des levées de fonds et accompagner les sportifs dans une pratique plus responsable.
À l’occasion de l’Earth Hour, l’initiative Objectif : 0 km a été lancée par WWF et Sport Heroes qui ont proposé aux sportifs de se mobiliser de manière originale : courir déconnecté.
Pour en savoir plus sur la collaboration entre WWF France et Sport Heroes, téléchargez la story. ⤵️
Les engagements de la World Surf League en faveur de l’environnement vont bien au-delà des collectes de déchets sur les plages et des initiatives de réduction de leur émission carbone. L’objectif de chaque championnat de WSL étant de rendre l’endroit dans un meilleur état qu’il ne l’était auparavant.
En parallèle, l’institution a créé la fondation WSL Pure pour centraliser ses actions et sensibiliser le grand public grâce à des contenus originaux. La campagne We Are One Ocean encourage les surfeurs et les passionnés de surf à s’engager en faveur de la protection des océans et de demander aux leaders mondiaux de sanctuariser certaines zones. Dans le podcast One Ocean, la parole est donnée à des artistes, des athlètes, des activistes et des professeurs pour éduquer et sensibiliser le grand public.
La communauté des surfeurs, menés par des grands noms de la discipline comme Paige Alms ou Connor Coffin, s’engage aux côtés de la World Surf League pour mener ces initiatives.
Le Comité Olympique Espagnol est activement engagé dans la protection de l’environnement. En plus d’adopter des actes éco-responsables au quotidien comme le retrait du plastique ou la gestion des déchets, le Comité Olympique Espagnol a également noué des partenariats pour adopter une éco-mobilité et des locaux durables.
Le Comité Olympique Espagnol conseille également ses équivalents européens afin d’atteindre les objectifs fixés par les Nations Unies pour 2050 en termes de neutralité carbone. Il a récemment organisé son second congrès qui portait sur le développement durable dans le mouvement olympique avec des thèmes comme la gestion des énergies et les mobilités durables.
Aux États-Unis, la NFL est de plus en plus engagée dans une démarche éco-responsable pour réduire son empreinte carbone et a créé le programme “NFL Green”.
Avec NFL Green, l’institution travaille à la réduction de son impact environnemental et y associe sponsors, associations locales et clubs. De nombreux projets de développement durable sont soutenus par ce programme. La NFL a ainsi planté 3000 arbres en Floride, lors de la finale de Miami en 2007, pour compenser les émissions de gaz à effet de serre générées par le Super Bowl.
Les clubs suivent le mouvement et redoublent d’imagination pour sensibiliser les supporters de football américain. D’abord, en rénovant et en aménageant les stades pour les rendre éco-responsables. À l’image de la nouvelle demeure des San Francisco 49ers : déjà équipé de panneaux solaires, le toit du Levi’s stadium sera bientôt végétalisé. Chez les Philadelphia Eagles, l’équipe de communication redouble d’imagination pour inciter les fans au recyclage. Avec succès : 99% des déchets collectés pendant les matchs sont recyclés.
Le club de rugby professionnel basque est récemment devenu le premier club sportif professionnel français à mission. Concrètement, le club souhaite renforcer ses engagements écologiques et définitivement intégrer les enjeux sociaux et environnementaux au sein de sa stratégie.
Cela fait maintenant plusieurs années que le club a mis en place une politique RSE en faveur de l’environnement. Au total, 300 000€ ont déjà été investis et le club continue de mener des actions éco-responsables. Il y a deux ans, ses supporters avaient fait don de leur consigne d'ecocup pour financer la plantation d’arbres dans la région. Récemment, l’Aviron Bayonnais a organisé une collecte de déchets sur les bords de la Nive avec leur partenaire Suez dans le cadre du World Clean Up Day. C’est donc tout un club et ses acteurs qui ont adopté cette nouvelle raison d’être.
Depuis 2005, le club des Portland Trail Blazers s’active pour réduire son empreinte carbone. Son arène, le MODA Center a été la première à recevoir la certification LEED O+M (v4.1) platine récompensant les bâtiments écologiques aux États-Unis.
En parallèle, le club s’est fixé pour objectif d’atteindre zéro déchet en 2025 et recycle déjà ses maillots en sacs ou cravates. Toujours à horizon 2025, les Trails Blazers veulent réduire leur consommation d’eau de 10% et d’énergie de 25% pour réduire considérablement leur empreinte carbone.
Pour sensibiliser les fans, le club de basket a lancé le LIVE Greener Challenge en 2019. En adoptant des gestes quotidiens éco-responsables pendant 1 mois, les 1097 participants pouvaient faire gagner des points à leur équipe. Un moyen efficace de favoriser des actions en faveur de l’environnement.
Le club de basket français féminin a calculé que son équipe professionnelle consommait pas moins de 6 000 bouteilles d’eau par saison ! Pour y remédier, ils ont décidé de confectionner des gourdes isothermes personnalisées pour chacune de ses joueuses avec nom et numéro de maillot.
Cette initiative sportive éco-responsable a également pour but de sensibiliser les fans. Les joueuses sont ambassadrices de cette démarche responsable et transmettent les bonnes pratiques aux fans et notamment les plus jeunes. Les gourdes sont également disponibles sur la boutique officielle du club pour inciter un maximum de supporters à laisser tomber les bouteilles en plastique au profit des gourdes.
Le Paris Volley a développé un programme visant à adopter une politique écologique nommée Envolley Verte qui se base sur plusieurs volets :
Le club parisien a également lancé sa marque Match for Green avec pour objectif de fédérer les acteurs de l’ensemble du sport. Jusqu’ici, 50 clubs ont déjà participé aux formations RSE pour à leur tour sensibiliser, former et mobiliser leurs acteurs.
Précurseur d’un football plus durable, le FC Forest Green est le premier club de football neutre en carbone (certifié en 2018).
Depuis 2011, sa pelouse bio et vegan est entretenue avec du fumier et des algues et est certifiée sans produit chimique. Elle est arrosée grâce à l’eau de pluie collectée par le club.
Leur stade actuel, le New Lawn Stadium, est actuellement équipé de 180 panneaux solaires répondant à 20% des besoins du stade, le reste provenant d’éoliennes. Leur futur stade, l’Eco Park, sera également alimenté en énergie verte. Construit au milieu d’un domaine naturel, il sera essentiellement constitué de bois, matériau naturel à l’empreinte carbone la plus faible. Hors du terrain, seuls des plats vegans sont préparés pour les supporters et les joueurs.
Le hockey sur glace est considéré comme l’un des sports les plus polluants. Pourtant, ses acteurs s’efforcent d’améliorer leur bilan carbone.
C’est le cas des Canadiens de Montréal qui ont lancé en 2007 leur programme Vers le But avec pour objectif de réduire l’empreinte écologique du club et de son arena, le Centre Bell. Ces initiatives éco-responsables se déclinent en quatre volets:
Ils ont également lancé l’opération Plantons un bâton qui plante 10 arbres dès qu’un bâton de hockey est fêlé. Pas moins de 2760 arbres ont été plantés en une seule saison (2018-2019).
Lister toutes les initiatives éco-responsables dans le monde du sport serait impossible. C’est la preuve d’une volonté commune des acteurs du sport d’agir en faveur de l’environnement et de sensibiliser leurs amateurs. Dans les années à venir, de plus en plus de clubs, organisations ou marques de sportswear devraient tendre vers la neutralité carbone, accroître leurs actions en faveur de l’environnement et postuler à des labels pour certifier de la durabilité de leur institution.